Quand on parle de RSE, on a de suite en tête un chantier colossal, qui nécessite des moyens conséquents, avec des contraintes fortes, qui risquent de mettre en péril la performance business de l’entreprise.
Pourtant, il n’en est rien !
Nous avons rassemblé les meilleurs conseils de Laurianne Le Chalony (Chief People Officer chez EcoVadis) et Alexia Lefeuvre (Directrice RSE chez AssurOne) pour lancer une démarche RSE simplement et sans mettre en péril son activité, bien au contraire !
C'est quoi, déjà, la RSE ?
La Responsabilité sociétale des Entreprises (RSE) : c’est l’intégration par les entreprises des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.
La RSE est directement inspirée par la notion de Développement Durable.
Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société et l’environnement, tout en étant économiquement viable.
Agir sur l'environnement mais aussi le social et l'économie
Les concepts de développement durable et de la RSE s’appuient sur 3 piliers :
- La société
- L’économie
- L’environnement
Les actions à mener en premier lieu, les priorités, dépendent de l’activité de chaque société et de sa culture.
L’enjeu de la RSE est l’alignement, la cohérence avec la mission de l’entreprise et ses valeurs. Il s’agit de savoir pourquoi on fait les choses, pourquoi on mène telle ou telle action en faveur de l’environnement ou de la société comment cela résonne par rapport à la stratégie et l’ambition business de l’entreprise.
Il est donc impossible de faire des recommandations génériques sur les chantiers à lancer avant les autres.
Le conseil de nos deux expertes est de commencer par travailler d’abord sur ses forces pour se structurer. Il sera plus facile ensuite de mener des chantiers pour travailler sur ses points faibles.
Souvent, il a beaucoup de choses déjà faites mais qui ne sont pas qualifiées de RSE. Il faut les structurer !
Alexia Lefeuvre - Directrice RSE chez AssurOne
Cet article est basé sur les échanges entre Laurianne Le Chalony (Chief People Officer chez EcoVadis) et Alexia Lefeuvre (Directrice RSE chez AssurOne) lors de la table-ronde de février 2023.
Retrouvez le replay du webinar dans son intégralité en cliquant sur le lien ci-dessous.
3 premiers pas pour se lancer dans une démarche RSE
Laurianne Le Chalony (Chief People Officer chez EcoVadis) et Alexia Lefeuvre (Directrice RSE chez AssurOne) partagent le même constat : une démarche RSE doit partir avant tout des collaborateurs et collaboratrices. S’il doit bien sûr y avoir une impulsion de la Direction, c’est en réalité le terrain qui va garantir le succès de la démarche via l’adhésion des équipes dès les premiers jalons.
Voici leur recommandation des 3 premières étapes à mettre en œuvre pour se lancer dans une démarche RSE.
1 - Faire un état des lieux RSE en interrogeant ses équipes via une enquête
Dans ma première enquête j'avais demandé d'abord "Savez-vous ce que c’est que la RSE ?" : la moitié des répondants m'ont dit "non". Pourtant, à la question "Pensez vous que la RSE est utile ?" Plus de 9 personnes sur 10 nous ont dit "Oui, c’est central".
Alexia Lefeuvre - Directrice RSE chez AssurOne
La première étape clé est de mesurer l’existant pour savoir où on se situe. C’est un diagnostic, un état des lieux de la connaissance et de la perception des équipes sur les différents piliers de la RSE.
Il s’agit de mener une enquête interne en posant des questions aux collaborateurs et collaboratrices pour remettre la RSE au niveau des équipes et pas que du CODIR. Cela permet de comprendre les sujets importants à leurs yeux, ce qui les préoccupe et les intéresse.
Souvent en menant ces enquêtes on mesure déjà l’intérêt pour le sujet. le taux de réponse est le premier indicateur à ce sujet. Alexia Lefeuvre, chez AssurOne, a ainsi obtenu plus de 70% de répondants parmi l’ensemble des effectifs, ce qui dénote un fort intérêt pour le sujet.
Ensuite, cela permet aussi souvent de se rendre compte des déficits de compréhension ou des écarts de connaissances.
Enfin, c’est l’enquête qui va permettre de mettre le curseur au bon endroit pour définir les actions prioritaires au sein des piliers de la RSE. L’enquête aide à identifier les chantiers les plus attendus par les salariés. Par exemple, Alexia Lefeuvre a pu se rendre compte que pour les équipes AssurOne, RSE voulait avant tout dire engagement citoyen et solidaire. Les chantiers prioritaires ont donc été mis beaucoup sur l’humain et moins sur l’environnement.
Cette étape permet, en fait, de remettre du bon sens dans la stratégie RSE.
Il y a souvent des initiatives menées un peu partout et l'enquête est un bon outil d'y voir plus clair pour les structurer. C'est aussi essentiel de mesurer pour savoir d'où on part, quel est le sentiment de chacun sur tel ou tel aspect. J'utilise aussi l'enquête pour demander à chacun de partager ses idées. Cela nourrit énormément la stratégie.
Laurianne Le Chalony - Chief People Officer chez EcoVadis
2 - Créer des groupes pilotes, une communauté d'ambassadeurs RSE pour mener des premières actions
A partir de l’enquête, il faut identifier des alliés, des sponsors qui pourront constituer des groupes pilotes pour mener des premiers chantiers. Sur la base du volontariat, les salariés prennent part à des taskforces, comme on les appelle chez Ecovadis, ou des chantiers, comme c’est le cas chez AssurOne.
Il est essentiel de créer une gouvernance spécifique en parallèle du CODIR, avec ses propres missions, son autonomie, voire son budget, pour que les chantiers avancent. Il est nécessaire de commencer par des pilotes pour avoir des premières bonnes pratiques et donner le bon exemple.
L’essentiel est de se laisser surprendre : chacun a une idée, il y a une vraie émulation.
Et au-delà des idées, cela permet aussi d’ancrer la démarche avec des collaborateurs et collaboratrices ambassadeurs qui ont la capacité de rameuter d’autres personnes.
Par exemple, nous avons donné une mission à un groupe de stagiaires volontaires en dégageant du temps sur leur agenda hebdomadaire pour qu'ils proposent des solutions pour réduire notre consommation d'énergie et d'eau. Ils ont proposé un système sur les robinets pour limiter le débit. Les économies engendrées ont été réinvesties dans d'autres actions.
Laurianne Le Chalony - Chief People Officer chez EcoVadis
3 - Convaincre le CODIR via des résultats concrets pour définir une feuille de route RSE ambitieuse
Il est nécessaire que la Direction soit ensuite embarquée dans le projet pour le pérenniser et l’inscrire durablement dans la stratégie de l’entreprise. Selon la culture et la gouvernance de chaque entreprise le fonctionnement peut être différent.
Avec des premiers résultats concrets, des premiers retours mesurables sur des actions déployées, il est plus facile ensuite de créer une démarche structurée à l’échelle de l’entreprise pour que le travail mené par les groupes pilotes rayonne au sein de l’organisation.
Il est essentiel que le CODIR et/ou le COMEX soit impliqué dans la démarche pour la légitimer et la placer à un niveau stratégique pour l’entreprise aux yeux de l’ensemble des équipes.
Nous avons un comité stratégique RSE avec des représentants de chaque métier. Nous avons identifié des grands piliers et des chantiers dans chaque pilier intégrés à un planning global. Il y a un chef de chantier et un sponsor COMEX pour chaque chantier afin de garantir ce lien entre stratégie et terrain.
Alexia Lefeuvre - Directrice RSE chez AssurOne
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La FAQ pour se lancer dans une démarche RSE
Faut-il un gros budget pour mener des actions RSE ?
1 entreprise sur 3 n’a pas de budget dédié à la RSE. Et ce n’est pas grave !
On a souvent la perception que sans budget RSE on ne peut rien faire. C’est faux. On peut mener des actions en interne, revoir ses process, mettre en place plein de petites actions qui n’ont pas de coût à proprement parler. La priorité c’est du temps au départ, plus que de l’argent.
Un exemple ? Laurianne Le Chalony a modifié ses process de recrutement par exemple pour s’assurer de la non discrimination.
La bonne idée gratuite !
Créer une bibliothèque humaine sur le sujet Diversité et Inclusion : les collaborateurs et collaboratrices s’inscrivent pour partager leur expérience (adoption dans couple homosexuel, activisme, etc.) et ils invitent un petit groupe de collègues. C'est en petit comité, les personnes s’inscrivent et c’est enregistré. Ces témoignages partagés génèrent un vrai engouement et une forte prise de conscience.
Comment mesurer ses actions RSE pour avoir des résultats concrets ?
Même si on n’y est pas soumis, il est utile de regarder les indicateurs de la CSRD : la nouvelle directive publiée par l’Union européenne qui vise à améliorer et harmoniser les reportings de durabilité des entreprises.
Selon les sujets prioritaires, il est essentiel de mesurer un état zéro puis à + 1 an, voir où on en est. Et si on n’a pas assez avancé, l’année d’après il est intéressant de se fixer des objectifs.
L’étape suivante c’est d’intégrer des objectifs RSE dans les objectifs des salariés pour que chacun et chacune soit évalué aussi sur son impact.
Et enfin, il peut être pertinent de se comparer aux autres, d’avoir une échelle de valeur globale et de pouvoir communiquer dessus. C’est le rôle des labels et des évaluations.
Est-ce qu'il y a un conseil bonus pour se faciliter la vie quand on lance une démarche RSE ?
Le petit secret de Laurianne Le Chalony, c’est de lire les rapports RSE des autres entreprises pour s’inspirer, voire même de prendre contact avec les responsables RSE qui seront très souvent très enthousiastes à l’idée de partager leurs expériences.
Les gens sont ravis de partager avec vous ce qui a marché ou ce qui n'a pas marché.
Laurianne Le Chalony - Chief People Officer chez EcoVadis